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« Le vol du paon mène à Lhassa », d'Élodie Bernard

Publié le : 20 novembre 2011 à 00h47

« Le vol du paon mène à Lhassa », d'Élodie Bernard

Titre : Le vol du paon mène à Lhassa
Auteur : Élodie Bernard
Éditeur : Gallimard – Collection le sentiment géographique
Parution : avril 2010
Format : 20,4 x 14 / 224 pages
ISBN :  9782070124954
Prix indicatif : 17,90 euros

Peu de temps après les émeutes de 2008 à Lhassa, alors que la planète regarde vers les Jeux olympiques de Pékin, la situation dans l’ouest chinois est verrouillée. Hors d’un groupe organisé, le séjour pour de simples voyageurs en République autonome du Tibet n’y est plus toléré. Sont nécessaires un guide, un chauffeur et un permis sur lequel sera retranscrit l’exact tracé des chemins empruntés au cours du périple, de manière à contrôler toutes les informations qui sortent du Tibet. Elodie Bernard, alors âgée de 24 ans, a choisi de pénétrer seule et sans autorisation sur le Toit du Monde, pour s’immerger dans la société tibétaine, observer la vie quotidienne dans les villes et les campagnes et assembler des témoignages de l’intérieur sur la répression en cours.



Article paru sur www.tibet-info.net en avril 2010

"Le vol du paon mène à Lhassa"

À l’heure ou le Tibet connaissait un nouvel épisode terrible de répression, après le soulèvement de 2008, Elodie Bernard (1), tout juste âgée de 24 ans, ose embarquer à bord d’improbables bus, de camions et parcourir le pays des neiges du Qinghaï à Lhassa, seule, discrète, attentive.

Malgré la crainte, les rencontres finissent par avoir lieu. Tibétains et parfois Chinois lui confient leurs peines, plus fréquentes que leurs joies, et aussi leur espoir d’une vie apaisée, loin des figures imposées, de l’omniprésence de la police armée et de ses espions. Le choc des paysages, la douceur émouvante des regards, un sens naturel de la protection mutuelle, la curiosité. La jeune française vit une véritable initiation qu’elle retrace avec beaucoup de sensibilité dans un livre passionné autant que passionnant, un road movie sans clichés ni concessions. Finalement repérée par les agents du redoutable Bureau de Sécurité Publique, elle est expulsée vers... Pékin, mais emporte dans sa mémoire ce bouquet que lui glisse un jeune Tibétain, comme pour lui dire "tu seras toujours la bienvenue parmi nous".
Ceux qui connaissent le Tibet y trouveront confirmation de leurs craintes, mais aussi de cet espoir ténu de lendemains meilleurs. Les autres y découvriront un monde, à mille lieues des stéréotypes de la propagande chinoise, qui développe une capacité de survie inimaginable.

Un témoignage à lire absolument. En échappant autant que faire se peut à la colère ou à l’amertume.

Jean-Paul Ribes (journaliste et un écrivain français, spécialiste du Tibet et du bouddhisme)

(1) Journaliste et analyste politique, Elodie Bernard décide, à 24 ans, à la suite des événements survenus à Lhassa en mars 2008, de franchir la frontière himalayenne et de pénétrer au Tibet pendant les jeux Olympiques de Pékin. Sans visa de journaliste ni autorisation de séjour au Tibet, elle couvre la répression lors des manifestations sportives pour divers quotidiens (Le Monde, Rue 89, Far Eastern Economic Review…). De ce séjour clandestin à Lhassa, elle tire un récit de voyage, Le vol du paon mène à Lhassa (Gallimard, 2010) qui rassemble témoignages et expériences vécues sur le Toit du monde.

Ce goût de l’ailleurs, Elodie Bernard l’acquiert très jeune en parcourant avec son père la cordillère des Andes puis l’Himalaya, le Karakorum et l’Hindu Kush. Née en 1984, elle fait des études de relations internationales à la Sorbonne et se spécialise sur la zone Asie du Sud en débutant son apprentissage du persan à l’Institut Dekhoda de Téhéran. Devenue journaliste en 2006 pour La Revue de Téhéran, le premier magazine culturel francophone iranien, dont elle est aujourd’hui la correspondante à Paris, elle séjourne fréquemment en Iran et dans les pays limitrophes. En 2007, elle travaille en tant qu’analyste politique, à New Delhi, puis continue cette activité à Paris l’année suivante.

Tiré de : http://www.tibet-info.net/www/Le-vol-du-paon-mene-a-Lhass...



Extraits

« Le voyage en solitaire est un état d’alerte permanent pour les sens et les rencontres mais la solitude et les difficultés sont de lourds fardeaux qui pèsent et épuisent, tout particulièrement lorsque l’on ne maîtrise pas la langue du pays. Les risques que peuvent encourir mes interlocuteurs en me parlant sont nombreux et graves et je me laisse parfois gagner par la crainte de les voir menacés. Je m’enchaîne à mon tour à la logique de persécution policière dont est victime la population. Celle-ci oblige les peuples à se taire. Passée sous silence, la révolte de mars dernier a serré les gorges et lacéré les visages. Le rire, expression de joie et de laisser-aller, tout humain de spontanéité qu’il puisse être, raie le quotidien auquel je m’étais habituée. “L’observateur, dit Baudelaire, est un prince qui jouit partout de son incognito “, et cette entorse à la résignation me rappelle à mon privilège, aux bons conseils de Tsering Bamou et de Sonam Tsang ainsi qu’à cette réflexion d’Alexandra David-Néel disant que le Tibet est avant tout un pays de réjouissance et de festivités, de rires et de convivialité. »

« Dans les déserts tibétains comme dans tous les déserts du monde, on pourrait rêver de courir librement à travers les espaces.  Mais dans quelle direction aller ?  Impuissant face à l’illimité de l’horizon, l’esprit se calme.  On de désire plus atteindre un point prochain, on apprécie le moment présent. »

« Les premiers mètres d’ascension me paraissent d’une grande facilité mais cette évidence est trompeuse.  A plus de 4 000 mètres, l’air est un luxe qu’il convient d’acquérir et d’épargner.  À chaque virage le sentier se défait sous les pas et s’étire.”  “Situé à 5 180 mètres de hauteur, le passage du col de Tannggula nécessite une dizaine d’heures de montée. (en bus ndlr) »

« Il n’est pas nécessaire de parler la langue nationale pour pouvoir communiquer.  L’instinct, une attention marquée à la gestuelle des habitants suffisent pour entrouvrir un espace de compréhension. »

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