Carte postale de La Rochelle (septembre 2006), par Jean-Luc Charlot
Publié le : 15 janvier 2012 à 22h08
Toujours, je suis ce voyageur un peu décalé, jamais tout à fait là où il faudrait être et où peut-être, l’on m’attend. Peut-être est-ce à cause de ma façon de parcourir notre Terre qui est commune à tous et pourtant étrangère à chacun ? Peut-être est-ce simplement ma façon de parcourir la vie… Et cette fois, de nouveau décalé, en arrivant à La Rochelle, après un trajet en TGV accompli dans la proximité d’un enfant, âgé de quelques semaines à peine, qui me faisait me souvenir combien un être de cet âge est si intéressant (peut-être simplement parce qu’il demeure pour quelques jours encore, véritablement étranger avec l’être humain qu’il va devenir pourtant, assurément). Mais cette fois, cependant, ce « décalage », je pouvais le cerner, le mesurer précisément à l’aune du temps qui passe : une semaine. La durée qui me séparait de cette fameuse université d’été du parti socialiste dont les médias, tout à l’excitation de cette période de campagne présidentielle, déambulant dans la rue Saint-Jean-du-Pérot où j’étudiais les cartes proposées par les restaurants qui encombrent les rez-de-chaussée des immeubles de cette rue (activité qui constituait une des raisons de ma visite ici), l’on m’indiquait la place des fantômes des responsables socialistes qui, le week-end précédent, avaient donné à saisir pour une improbable postérité leur image détendues de clients ordinaires…
La nuit largement entamée, je retrouvais, l’espace d’un instant, la justesse de ma place, au bout du quai faiblement éclairé d’une lumière un peu jaune. Le bassin était calme, mais l’on pressentait la force de la houle au-delà de la jetée, et des ombres s’activaient à préparer leur prochain départ.