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Carte postale de Baugé (mars 2011), par Jean-Luc Charlot

Publié le : 15 janvier 2012 à 22h45

On arrive à Baugé qui est une commune française située dans la partie orientale du département de Maine-et-Loire, au cœur de l’Anjou et la capitale historique du Baugeois (pour écrire comme Wikipedia qui écrit un peu platement tout de même). Une (petite) ville dont on comprend qu’elle fut prospère, puissante et commerçante (château, grenier à sel, hôtels particuliers en témoignent), une (petite) ville qu’un urbain un peu mal dégrossi déclarerait « ravitaillé par les corbeaux », tant les transports en commun pour la rejoindre (autocars essentiellement) sont rares et obligent le visiteur à y venir de (très) bonne heure.

Le midi dans un des restaurants du lieu, on y mangera de l’antilope sans que l’on apprenne la provenance de la bête (élevage ou chasse).

L’après-midi, on visitera (professionnellement) un abattoir de volailles où, dès la descente de la voiture, on sera enchevêtré par l’odeur de la mort (justifiée par les trois cent cinquante mille volatiles qui y sont trucidés chaque semaine).

Le soir, dans la petite gare de Tiercé que la rationalisation des choix budgétaires a laissé en usage de libre-service pour les désormais rares clients de la SNCF qui s’y arrêtent où y montent, on se méfie en se reculant (outrageusement, c’est-à-dire aussi un peu ridiculement au-delà de la distance ordinaire que la prudence et l’expérience recommandent avec bonheur), du bord du quai, au passage des nombreux TGV dont la force attractive constitue tout de même objectivement une possibilité fascinante d’en finir.

Le soir, un peu plus tard encore, dans un (petit) restaurant d’Angers, choisi pour sa promesse de vins issus du travail de vignerons locaux, on se laisse gentiment (quoi que modérément) draguer par les deux jeunes filles chargées du service en salle, délicatement attentionnées. (Tout) petit jeu sans conséquence rendu possible par nos âges respectifs : je suis à la fois trop et pas assez vieux pour que naisse de cela ambiguïté ou équivoque. Quoique sans doute, une jeune femme de 20 ans (ce qui doit être à peu près leur âge) puisse « avoir » (pour peu qu’elle l’ait décidée) n’importe quel type de 15 à 80 ans, de la seule puissance de cette vie brute (comme on le dit d’un diamant avant qu’une taille sophistiquée lui confère un éclat définitif), qui affleure dans chacun de leurs mouvements.

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