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Carte postale depuis la chambre d’hôtel, Lisbonne (Portugal, printemps 2004), par Aurélie Mandon

Publié le : 3 février 2012 à 12h28

Depuis l’Hôtel Fénix Lisboa, Lisbonne © Aurélie Mandon


« La 7, s’il vous plaît. »
« Tenez. À quelle heure, le petit déjeuner ? »
« 8 h. Room service. »
« Bien, madame !»


Entendre le clic de la serrure qui cède, pousser une porte lourde, sentir l’odeur fraîche des nettoyants, quitter ses chaussures et sentir la moquette épaisse sous ses pieds, se laisser tomber sur un lit king size. Les chambres d’hôtel sont des îles où s’échoir. Fatigué, trempé, courbaturé de longues marches et d’un sac trop lourd, on y dépose ses affaires et son masque. Assez de sourires pour la journée, assez de courir dans les métros.

La chambre est silencieuse mais l’hôtel grouille de vie. Des sons feutrés : des rires dans les couloirs, le « cling » de l’ascenseur, des pas pressés dans l’escalier.

Se préparer un thé Lipton et coller son nez sur le double vitrage. Dehors, la journée se termine, les lumières s’allument l’une après l’autre. Il faudra ressortir quand le ventre aura faim. Plus tard. Pour l’heure, savourer un bain chaud, s’envelopper dans un peignoir épais, faire le tour du lit dans des chaussons en carton toujours trop grands ou trop petits.

Une île. On revient toujours de quelque part et on attend toujours d’aller quelque part. C’est un cocon éphémère avec une ribambelle d’artifices pour vous faire oublier que vous n’allez pas dormir chez vous. J’aime passer la nuit dans les belles chambres d’hôtel. Dans le luxe, la solitude devient une élégance, une attitude gracieuse qui sied à ce non-lieu. Dormir ailleurs, c’est faire comme si on avait oublié son adresse ou jouer à être un autre. La télé ronronne en sourdine. Dans le hall, le réceptionniste a fait place au gardien de nuit. Il veillera une cinquantaine de dormeurs égarés.

Demain, au petit matin, la moquette du couloir sentira le parfum et l’ascenseur le café. Le veilleur aura changé de chemise. Check out.


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