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« Dans la poigne du vent », de François-Xavier Maigre

Publié le : 12 février 2012 à 22h39

« Dans la poigne du vent », de François-Xavier Maigre

Titre : Dans la poigne du vent
Auteur : François-Xavier Maigre
Éditeur : éditions Bruno Doucey (collection « Jeunes plumes »)
Parution : février 2012
Format : 13,5 cm x 17,5 cm - 110 pages
ISBN :  978-2-36229-024-4
Prix indicatif : 12 euros

Le point de vue de l’éditeur

Je connaissais les articles de ce journaliste du quotidien La Croix, en charge des questions de spiritualité, mais j’ignorais que derrière le nom de François-Xavier Maigre se cachait un poète de cette trempe. Quelle trempe ? Celle d’un jeune auteur – l’auteur de ce recueil est né en 1982 – qui ose affirmer son lyrisme et sa quête de sens. Par ces poèmes empreints de musicalité et d’images oniriques, François-Xavier longe « la rive insoupçonnée qui mène à l’enfance », retrouvant les joies, les peines, les ardeurs qui l’ont fait homme. Comme s’il s’agissait de tendre la petite main de l’homme à l’invisible, de faire confiance à la nuit, d’épouser « un royaume en perte de lui-même »… Dans la poigne du vent n’est pas simplement un premier recueil : il est l’acte de naissance d’un vrai poète.



Note de lecture de Pierre Tanguy

Pierre Tanguy, poète, journaliste et chroniqueur, a lu Dans la poigne du vent, de François-Xavier Maigre et nous fait partager son point de vue.


François-Xavier Maigre sous le signe de Cadou

Est-ce « l’acte de naissance » d’un vrai poète, comme le dit son éditeur Bruno Doucey ? Il y a tout lieu de le penser, car le premier recueil de François-Xavier Maigre est un véritable enchantement. Jeune journaliste à La Croix (au service religion), cet auteur d’à peine 30 ans, amoureux de la marche à pied (il a récemment fait le trajet Paris-le Mont-Saint-Michel avec sa famille) est un grand dévoreur de poésie. Et voici qu’il nous livre aujourd’hui ses propres textes, placés – il faut le dire – sous les meilleurs auspices : ceux de René Guy Cadou, un auteur qu’il affectionne et dont il cite en exergue ces deux vers : « Au seuil du feuillet blanc / C’est ta main qui m’accueille ».

François-Xavier Maigre partage avec Cadou cet « instinct de lumière ». Son timbre de voix se rapproche – n’hésitons pas à le dire – de celui de l’École de Rochefort. Des mots surgissent qui le font, en tout cas, étonnamment penser : « immensité de l’enfance », « nostalgie déserte des cours », «  rire des enfants de passage », « villages transis au vent », « épaule du chemin », «ode buissonnière », « procession des feux »… Autant de mots glanés dans ce recueil où les accointances avec l’univers du poète de Louisfert s’affirment ainsi au fil des pages. Comment ne pas s’en réjouir, à l’heure où tant d’œuvres poétiques restent encore marquées du sceau de l’hermétisme et de l’abstraction.

La quête de l’auteur, celle d’un monde plus lumineux, ouvert sur l’amour, passe par l’enfance. Le jeune adulte qu’est aujourd’hui François-Xavier Maigre regarde le gamin qu’il fut. « La pluie tapote à ma capuche », écrit-il, « J’ai six ans à peine ». Le voici, plus tard, avec « deux mandarines en poche » et « un brin d’écorce sous les ongles ». Et, au passage, cet aveu : « J’ai beau n’être rien / mes yeux sont ouverts ». Le poète s’acharne donc à « fouiller un instant encore / les miettes de l’enfance », car, raconte-t-il, « tout ce qui passait / était bon à prendre / même / un restant de lune / entre les toits perchés ».

Mais le voici, bientôt, loin des senteurs de l’enfance, dans la ville-capitale. Lui qui cherche « une parole brûlante / comme / battement de calice » se cabre de douleur. Il n’aime pas « l’aube mutilée des métropoles » ni ces lieux où « tout est mort autour / des arbres secs ». Le jeune François-Xavier n’accédera à la vraie lumière et à la paix intérieure que par la rencontre de l’autre. À commencer par celle qui deviendra sa femme. « L’automne déborde des yeux / je déborde de toi. » La naissance d’un premier enfant (« pelote de tiédeur (…) dans la maladresse de mes bras ») avivera cette lumière.

Dans cette « allégeance aux choses simples » qu’il revendique, François-Xavier Maigre rejoint donc une fratrie d’auteurs (ses « frères d’encre ») qui ont choisi de dire le beau et le vrai face à la noirceur du monde et à la « catastrophe tranquille » dont parlait Saint-Pol Roux. Il faut vite découvrir son écriture, fortement marquée par ce qu’on appelle aujourd’hui « la quête de sens ».

Pierre Tanguy



>>> Lire des extraits de Dans la poigne du vent de François-Xavier Maigre

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