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« Je vous écris d'Irlande », de Bernard Berrou

Publié le : 20 octobre 2012 à 19h49

Je vous écris d'Irlande de Bernard Berrou

Titre : Je vous écris d'Irlande
Auteur :
Bernard Berrou
Éditeur :
Éditions Dialogues
Parution : octobre 2012
Format : 13,5 cm × 21,0 cm × 2,0 cm – 240 pages
ISBN :  9782918135661
Prix indicatif : 19,90 euros

Résumé :

Dans cet abécédaire, Bernard Berrou s'attache à nous faire partager sa passion de l'Irlande. Entre carnets de route, rappels historiques et portraits étonnants, ces textes sont avant tout nourris par ses vagabondages et ses rencontres. Des îles d'Aran au Connemara, de Baltimore à Knock, de Cape Clear au Lough Ree, il s'efforce d'explorer la poésie de l'Irlande à travers les tourbières, les ruines, la pluie, les petites routes... les pubs, etc. Puis il évoque le souvenir de ceux qui l'accompagnent, des écrivains, des peintres, des figures héroïques qu'il salue au passage. Lorsqu'il nous parle des Irlandais, c'est pour célébrer leur sens de l'amitié, leur humour et leur génie verbal.
"Je vous écris d'Irlande" est une véritable déclaration d'amour à un pays de forte identité, marqué par les blessures de l'histoire.



Note de lecture de Pierre Tanguy

Pierre Tanguy, poète, journaliste et chroniqueur, a lu Je vous écris d'Irlande, de Bernard Berrou et nous fait partager son point de vue.


 L’abécédaire irlandais de Bernard Berrou

     Que l’on appelle cela « Abécédaire » ou « Dictionnaire amoureux », le nouveau livre de Bernard Berrou sur l’Irlande confirme la passion de l’auteur pour ce qu’il appelle « l’île des sortilèges ». Il nous en avait déjà donné un avant-goût dans ses « Errances irlandaises » (Terre de brume, 2011). Voici qu’il récidive dans un ouvrage où la passion le dispute à la nostalgie.

      Car l’Irlande d’aujourd’hui n’est plus tout à fait celle d’hier et Bernard Berrou sait mettre le doigt là où ça fait mal. Se rendant à l’emblématique île d’Aran, il note : « Comment pouvait-elle se laisser gangrener par l’argent et vendre son âme au diable » ? Car, dans ce bout du monde chanté par tant de grands auteurs, il y a aujourd’hui « beaucoup de bruits et d’agitations inutiles, trop d’automobiles, trop de constructions insolentes d’un mauvais goût ». Arrivant à Doolin, il  note aussi : « Ce hameau pastoral, où l’on vient du monde entier, n’a plus grand-chose à voir avec celui d’une époque bénie, les années 1960-1970 ». Et que dire de  Rosslare où Berrou fit ses premiers pas sur le sol irlandais en 1971, et qu’il ne reconnaît plus.

      Devenue « tigre celtique », l’Irlande a, de-ci de là, perdu un peu son âme. Bernard Berrou s’en désole, mais connaît assez l’Irlande pour  retrouver, par lui-même, des territoires restées vierges. A l’image des Burrens, dans le nord-ouest du comté de Clare, « endroit rêvé pour les anachorètes ». Ou en se rendant sur les falaises de Moher et dans ces cimetières de campagne qu’il qualifie joliment de « reposoirs aérés ».

      Qui dit abécédaire sur l’Irlande dit forcément « pluie », « tourbe », paysages », « routes », « grande famine »… Bernard Berrou, de sa plume précise et élégante, revisite tous ces « lieux communs » en évitant les clichés. Il renouvelle notre regard sur la « Verte Erin » car il y a toujours, dans son texte, l’apport d’une expérience personnelle. En particulier dans les rapports humains entretenus au détour d’un chemin creux ou tout au fond d’un pub. C’est notamment vrai dans sa vision du Connemara et de tous ces bouts du monde qu’il a parcourus sans relâche, «  ces solitudes occidentales qui incarnent, pour le Breton que je suis, quelque chose qui m’a échappé en Armorique, et qui pourrait s’apparenter comme l’a dit Anatole Le Braz à un « sanctuaire originel de l’âme ».

     Autre originalité de cet abécédaire irlandais en 43 mots : évoquer des auteurs ou des artistes amoureux de l’Irlande. Nicolas Bouvier, Paul Guimard, Heinrich Böll, Michel Déon, Philippe le Guillou font notamment partie de son panthéon littéraire intime. Plutôt que de parler longuement  de Beckett, de Yeats, de Joyce ou de Heaney, Bernard Berrou a choisi d’évoquer ces « continentaux » happés, comme lui, par « l’île des sortilèges ».

                                                                                                                  Pierre Tanguy


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