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« Le frisson des départs », de Jean-Claude Bourlès et Yvon Boëlle

Publié le : 20 octobre 2012 à 18h04

Le frisson des départs

Titre : Le frisson des départs
Auteur :
Jean-Claude Bourlès (textes) & Yvon Boëlle (photographies)
Éditeur :
Salvator
Parution : octobre 2012
Format : 25 cm x 25 cm – 168 pages – 884 g
ISBN :  9782706709470
Prix indicatif : 23 euros

Résumé :

Regard croisé entre un écrivain-randonneur et un photographe-voyageur sur le « partir », Le Frisson des départs est un duo où chacun joue sa propre partition qui pourtant s accorde à l autre. C est un livre de désirs. Désir de partir à la découverte de paysages inconnus et de nouvelles routes. Désirs de rencontres avec « l étrange étranger », de humer des parfums d aventure, de rompre le quotidien qui étouffe... Ici, on respire à pleins poumons l amour des grands espaces, des chemins sans fin et des bords du monde. Des côtes irlandaises aux montagnes de Galice, de la baie du Mont-Saint-Michel aux plaines de Castille, des sentes de la forêt de Brocéliande aux chemins de Compostelle, une invitation au voyage de l âme et de l esprit. Car la vie est un perpétuel départ, une aspiration permanente vers ailleurs...



Note de lecture de Pierre Tanguy

Pierre Tanguy, poète, journaliste et chroniqueur, a lu Le frisson des départs, de Jean-Claude Bourlès & Yvon Boëlle. Il nous fait partager son point de vue.


Bourlès, Boëlle : le frisson des départs

    Mais où donc va se nicher la passion du voyage et le goût de la marche au long cours ? Le Rennais Jean-Claude Bourlès avait déjà fait sa propre introspection dans son très beau livre « Pèlerin sans Eglise » (Desclée de Brouwer, 2001). Voici qu’il revient sur ses pas – ceux d’une existence voyageuse – dans un livre à deux mains, en compagnie du photographeYvon Boëlle, lui aussi « en quête d’émotions sur les routes de l’Arc atlantique ».

     Les deux auteurs disent, chacun à leur manière, le « frisson des départs ». C’est le titre du livre, inspiré par une phrase du poète Xavier Grall : « Je voudrais te transmettre le frisson des départs dans l’allégresse des matins silencieux ». Pour Yvon Boëlle, tout démarre par un amour des confins bretons, élargis bientôt à ceux de l’Irlande et de la Galice. Pour Jean-Claude Bourlès, dont le texte constitue la trame essentielle du livre, il y a, raconte-t-il malicieusement, « les premiers pas dans un jardin », celui de parents casaniers à Rennes, suivis de « l’exploration des potagers des voisins ». Puis le voyage dans la tête en lisant Fenimore Cooper, Jack London et Jules Verne.

     L’étape décisive – qui l’eût cru – dans la vocation du futur grand marcheur, ce fut le service militaire en Allemagne. Le jeune Bourlès découvre en Forêt noire « une débauche d’arbres, de lacs, de cascades ». Il y fait, surtout, « l’apprentissage de l’autre ». Puis c’est l’Irlande qu’il fréquente assidûment, dix années de suite, « dans un cheminement rituel proche du pèlerinage » (les superbes photos d’Yvon Boëlle sur le Kerry, le Mayo ou le Wicklow, publiés dans leur livre commun, sont au diapason de cette quête).

     Mais Jean-Claude Bourlès ressasse la question : pourquoi part-on ? Lui l’agnostique se sent comme aimanté par les églises romanes. Le voici à Conques « un matin de juillet 1968 ». Puis à l’abbaye de Sylvanès où il rencontre le dominicain André Gouzes qui restaure l’édifice. En 1990, c’est la découverte de le Via Podiensis vers Compostelle, à partir du Puy, sur un GR65 « quasiment désert » à l’époque. Puis, en 1993, la première grande traversée du « Camino francés », de Saint-Jean-Pied-De-Port à Saint-Jacques-De-Compostelle. « C’est ce chemin qui m’a révélé le sens profond de la marche, confie l’auteur, celui de l’ouverture au monde, de « l’aller » vers les autres… et incontestablement de soi-même ». L’amorce d’une grande vocation qui s’affirmera au fil des années. « Toute marche est spirituelle ». Bourlès reprend à son compte la phrase de Grall. Et ajoute, le concernant, « regarder et retenir, s’imprégner du moindre fait qui passe, en faire son pain de vie et, dans certains cas, de survie ».

     Comment ne pas y voir la démarche d’un vrai poète (à l’image d’un Bashô, à une autre époque, sous le ciel japonais). Un poète plein de sagesse qui aujourd’hui, à 75 ans, convient qu’il faut « savoir rentrer chez soi » et pose, au bout du compte, la seule vraie question qui vaille : « Et si la mort seule détenait la réponse au vrai départ ?                          

                                                                                                               Pierre Tanguy

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